Résumé Un portrait à la fois humoristique et subtil de l'adulte vu avec les yeux d'un enfant. Electre 2018 Les parents répondent souvent « tu apprendras ça lorsque tu seras (plus) grand » aux enfants qui posent des questions indiscrètes ou auxquelles ils ne savent répondre. Cet album comique de Gilles Rapaport et Laurence Salaün apporte des réponses un peu farfelues, décalées mais toujours futées à l'interrogation « c'est quoi être un grand ? ». Le format très allongé annonce la couleur. Juchée sur une girafe, une toute petite fille semble poser la question-titre (C'est quoi être un grand ?), et cette dissymétrie marque le dialogue : les illustrations mettent en scène des « petits », garçons et filles, face à des « grands » qui ont réponse à tout en se mettant plus ou moins à la portée des jeunes interlocuteurs. Au fil des pages, des informations insolites sont données. Par exemple : « être un grand, c'est connaître ses tables de conversion ». Annoncé ainsi, cela impressionne ! Avec intelligence, cet album joue sur deux tableaux. D'une part, un texte très précis explique l'affirmation ; d'autre part, un dessin un peu caricatural, dans le style du dessin de presse, se focalise sur l'information essentielle. « 0,000002 mm à la seconde !? Je vais devenir un géant ! », s'exclame un tout petit garçon sur son grand lit en résumé du calcul savant qui, à partir d'une taille moyenne et d'un temps moyen pendant lequel on grandit, arrive à ce résultat ! Sur ce principe, les auteurs jouent sur être un grand / être un petit avec parfois une certaine mauvaise foi (« être un grand, c'est faire ce qu'on veut », la preuve, on peut « manger des frites trempées dans du chocolat chaud ») ou avec une bonne dose d'auto-persuasion (« être un grand c'est être ce que tu veux ! »). L'album développe une vision très volontariste et optimiste de ce chemin qui va jusqu'au « grand ». Même s'il faut supporter poils et acné, être un grand c'est « ne jamais oublier ses rêves de petit ». Un style graphique incisif, une écriture alerte qui va de la familiarité (« le grand ne se la pète pas trop ») au langage soutenu (« grand tu seras quand susceptibilité tu maîtriseras ») pour un album qui réjouira les grands et les petits ! (Source : Danielle Bertrand)