Michael Cimino, God Bless America
Résumé
Un voyage érudit dans les films et la vie de Michael Cimino, figure majeure et mystérieuse du cinéma américain disparue en 2016, dont l’œuvre épique explore la psyché de son pays et en ressuscite avec mélancolie le mythe fédérateur.
Figure légendaire et énigmatique du cinéma, Michael Cimino a connu le firmament hollywoodien à 38 ans avec Voyage au bout de l'enfer (cinq Oscars), fresque habitée sur la guerre du Viêtnam qui révèle Meryl Streep et Christopher Walken aux côtés de Robert De Niro, avant d’être relégué au purgatoire deux ans plus tard avec le déchirant La porte du paradis. Le budget pharaonique et l'échec public comme critique de cette évocation d’une Amérique coupable d’un crime originel collectif affecteront profondément sa carrière. Né à New York en 1939, cet idéaliste érudit, féru d’architecture, débute au cinéma en tant que scénariste, avant de diriger Clint Eastwood et Jeff Bridges dans son premier film remarqué, Le canardeur, récit à la croisée des genres, déjà désenchanté et picaresque. Comment cet inconditionnel de John Ford, témoin mélancolique de l’anéantissement d’un monde, s'est-il alors retrouvé l’exilé d'une galaxie générationnelle disparate, baptisée le Nouvel Hollywood ? Tour à tour taxé d’homophobe, de fasciste, de marxiste et enfin de raciste pour L’année du dragon, Cimino appartenait-il vraiment à son époque, les années 1970-1980 ? Et pourquoi l'industrie du cinéma l'a-t-telle écarté du jeu, lui-même se targuant de n’y être jamais entré ?
Les blessures d’une nation
Quelle histoire de l'Amérique raconte son cinéma ? "La seule manière de comprendre mes films, avait prévenu le réalisateur, c’est de prendre la route..." Accompagné par la voix fantomatique et émouvante du cinéaste − enregistrée en 2010 au fil d'entretiens avec le réalisateur et critique Jean-Baptiste Thoret, lors d'un road-trip dans l’Ouest américain et les somptueux paysages du Montana −, ce beau documentaire, nourri des extraits de ses films et d’éclairages passionnés, de Quentin Tarantino à Oliver Stone, et dont l’auteur signe aussi la lancinante musique originale, explore la complexité du cinéma épique de Michael Cimino, disparu en 2016, comme la "cartographie" des blessures d’une nation. Lesquelles ont hanté tout à la fois ce génie solitaire, rétif au moindre compromis, et son œuvre, traversée par une réflexion hallucinée sur l’identité américaine, la perte et la condition humaine.
Infos complémentaires
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Réalisateur :
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Langue de l'expression :Français
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Durée : 00h52